Pour les jeunes, par les jeunes de l’océan Indien
Tous les jours, Dylan fait le trajet de Sainte Croix à Port Louis en bus. Une vraie galère, dit-il. D’une part parce que les autobus sont vieux, sales et jamais à l’heure. Mais aussi à cause de la présence à leur bord de nombreux toxicomanes qui ne respectent pas les autres passagers et suscitent des bagarres.
Mon trajet de Sainte-Croix à Port Louis est un vrai défi. La cause ? Les toxicomanes qui prennent aussi le bus tous les jours. Ça crée des problèmes à cause de leur comportement. Chaque matin, je suis témoin de conflits. Par exemple, ils refusent de payer leur ticket, ce qui finit souvent en bagarre ou en dispute avec le receveur. C’est une situation que je subis, comme tous autres les passagers, depuis des années.
Les autobus qui circulent dans mon quartier sont des véhicules vieillissants, souvent bondés, où il fait chaud et où l’odeur de sueur se mêle à celle des gaz d’échappement. Presque tous ces autobus ont 20 ans ou plus. Les plus modernes datent des années 2015 à 2018. Souvent les fenêtres ne ferment pas bien. S’il pleut, c’est la galère. Mais le pire c’est l’hygiène à l’intérieur. Les sièges sont en mauvais état, on peut voir des cafards et des déchets qui se sont accumulés, dégageant une odeur nauséabonde. Dans cet environnement, la présence des toxicomanes rend les trajets encore plus stressants.
Je comprends la frustration des autres passagers. La sécurité n’est pas garantie. Voyager avec des toxicos qui utilisent un langage vulgaire, s’asseyent n’importe comment et sont sous l’influence de drogues, ça n’inspire pas confiance. Les passagers de toutes générations, et en particulier les jeunes filles et les femmes, subissent aussi leurs commentaires déplacés. Certains préfèrent rester debout plutôt que de s’asseoir à côté des toxicos.
Il y a une dizaine d’années, ce n’était pas comme ça. La situation a changé d’un coup dans nos bus. C’est arrivé depuis que le gouvernement distribue de la méthadone aux toxicomanes. Ils l’utilisent comme un médicament, mais cela ne résout pas les problèmes dans les transports en commun.
Un trajet de Sainte-Croix à Port Louis en bus du service public prend environ 10 à 15 minutes. Par contre, les bus qu’on appelle « individuels » prennent environ 45 minutes. Ces bus passent par les petits chemins intérieurs de la cité, là où les autres bus ne veulent pas aller.
Ce trajet de galère passe par l’église du Père Laval où le bus attend les passagers pendant quelques minutes. Parfois, le chauffeur décide de prendre une pause pour manger. Tant qu’il n’est pas satisfait du nombre de passagers dans le bus, il attendra encore. Faut savoir qu’en plus, ces bus ne respectent pas leurs horaires, ce qui dérange grave les usagers. En sortant de la gare, les bus roulent au ralenti, souvent à une vitesse maximum de 25 kms/h, même sur l’autoroute.
Quand le bus passe à Abercrombie, où il y a le poste de police et la distribution de méthadone tous les jours, plein de toxicos entrent dans le bus. Ensuite, il se dirige vers un chemin appelé Rue Cocoterie, à Batterie Cassée, où il y a le fameux Karo Kalyptis, un endroit où se pratique la vente de drogues. Les toxicos prennent le bus et descendent à la Rue Cocoterie pour aller à Karo Kalyptis.
Enfin, le bus prend l’autoroute qui mène à Roche-Bois, où d’autres trafics se passent. Tout au long du trajet, le bus sera plein de toxicos.
Un jour, j’ai été témoin d’une dispute qui a vite tourné en bagarre entre un toxico et un receveur. Tout a commencé quand le toxico a refusé de payer son trajet. La discussion s’est envenimée, et d’autres toxicos s’en sont mêlés. J’étais dans le bus, assis au milieu. C’était la première fois que je voyais ça le matin. Les autres passagers se plaignaient qu’ils allaient être en retard pour le travail et voulaient que le problème soit réglé après le trajet. Moi, je suis resté assis sans rien dire, car j’étais en avance ce matin-là.
Ensuite, les toxicomanes se sont regroupés, une bagarre a éclaté avec des coups de partout et des insultes. Le chauffeur a stoppé le bus et a aussi participé à la bagarre. Ça s’est terminé avec l’intervention de la police et plusieurs arrestations. Nous, les passagers, avons dû descendre et attendre un autre bus. C’est notre calvaire quotidien!
Dylan, 17 ans