Notre FUTUR

Quand les mangas deviennent un refuge

Confronté à une série d’obstacles dans son pays natal à Madagascar et à Maurice où il vient étudier, PMJ va sombrer dans l’anxiété et la dépression. Ce qui va le sauver : les mangas et animés, qui se révèlent être pour lui plus qu’un divertissement, allant jusqu’à devenir une source de courage et d’inspiration. Raison pour laquelle il a d’ailleurs décidé d’en faire son futur métier. 

 

Je suis une personne née dans une vie assez simple. Avant mes 15 ans, on pouvait dire que j’étais casanier. Je ne sortais pas beaucoup, je préférais rester à la maison et regarder la télévision. Même quand j’ai eu ma moto en 3e, ma vie se résumait surtout à l’école, la maison et parfois quelques courses pour ma famille. Puis est arrivé le Covid-19, au début de mes années de Seconde. L’école étant fermée, je ne sortais presque plus, seulement deux heures par jour au maximum. Le reste du temps, je le passais à lire des mangas et à regarder des animes, ces films et séries d’animation japonais souvent inspirés de mangas. Pendant trois ou quatre mois, ma vie n’a plus été que ça.

 

Cependant, un matin, sans raison particulière, j’ai commencé à me lever tôt pour aller marcher au bord de la mer et prendre l’air. Et petit à petit, j’ai pris l’habitude de sortir davantage. Mais ma passion pour les animes et les mangas n’a en aucun cas diminué. En Première, je sortais souvent avec mes amis, surtout au bord de la mer ou à la plage, tout en discutant d’animes, et eux m’ont fait découvrir l’univers du gaming. Même si mon groupe d’amis et moi avions ces passions, nous n’étions en aucun cas asociaux. Puis est venue la Terminale, et avec elle la préparation pour le Bac. Les sorties se sont faites plus rares, remplacées par des séances de révisions en groupe. À la fin, j’ai obtenu mon diplôme avec mention.

 

Après le Bac, je suis venu à Maurice pour poursuivre mes études. Pendant deux ans, j’ai continué mon parcours universitaire, entouré de mes amis et de ma passion pour les animes et mangas qui ne m’a jamais quitté. Puis, à la fin de ma deuxième année, la vie m’a frappé d’un coup brutal. J’ai été accepté dans une université en France, un rêve qui semblait enfin se concrétiser. Mais malheureusement, je n’ai pas pu trouver d’hébergement et j’ai dû renoncer à y aller. Comme si cela ne suffisait pas, dans la même période, nous avons reçu un préavis pour notre logement ici à Maurice. C’était comme si tout s’effondrait en même temps, comme si tous mes efforts, tous mes projets partaient en fumée.

 

Suite à ces événements, je suis tombé dans une spirale de dépression et d’anxiété. Malgré le soutien de mes proches, qui faisaient de leur mieux pour me réconforter et me remonter le moral, mon état ne s’est pas amélioré. Les mots d’encouragement, aussi sincères soient-ils, ne parvenaient pas à percer le brouillard qui m’envahissait. Instinctivement, je me suis refermé sur moi-même pendant une période, incapable de partager ce que je ressentais vraiment, même avec ceux qui me connaissaient le mieux. Je me sentais prisonnier de mes propres pensées, englué dans un sentiment d’impuissance et de désespoir.

 

Durant cette période sombre, quand tout semblait avoir perdu son sens, les animes et les mangas ont été bien plus que de simples distractions. Ils m’ont accompagné dans cette obscurité, me tenant compagnie quand je n’avais plus la force de parler à personne, m’offrant un espace où je pouvais respirer sans jugement. Ils ont été mon refuge. La seule chose qui parvenait encore à changer mes idées, à m’arracher, ne serait-ce que quelques instants, à ce cercle vicieux de pensées négatives.

 

Une œuvre en particulier m’a profondément aidé durant cette épreuve, arrivant dans ma vie exactement au moment où j’en avais le plus besoin. The Greatest Estate Developer est devenu bien plus qu’une simple lecture. Avec son humour léger et rafraîchissant, cette histoire parvenait à me faire sourire même dans mes moments les plus sombres, à alléger le poids qui écrasait ma poitrine. Mais c’était surtout la persévérance inébranlable du personnage principal qui me touchait profondément. Le voir affronter des obstacles qui semblaient insurmontables, tomber et se relever encore et encore, refuser d’abandonner malgré les échecs répétés, cela résonnait en moi d’une manière particulière. Chaque chapitre me rappelait qu’il était possible de se battre, même quand tout semble perdu, que la résilience n’est pas l’absence de chute, mais la capacité de se relever à chaque fois.

 

Oui, pour moi, les mangas et les animes ont toujours été là, que ce soit dans les moments de solitude, de doute ou même de joie. Ils m’ont accompagné comme un fil rouge, une échappatoire quand la vie devenait monotone et un soutien silencieux dans les périodes plus difficiles. À travers eux, j’ai trouvé bien plus que du divertissement. Chaque histoire, chaque personnage m’a apporté quelque chose. Certains m’ont appris la valeur de l’effort et de la persévérance, d’autres m’ont montré l’importance de l’amitié et de la solidarité, et parfois même le courage de suivre ses rêves malgré les obstacles.

 

Peu à peu, je me suis rendu compte que les mangas et les animes n’étaient pas seulement un passe-temps : ils étaient devenus une partie de mon identité, une source d’inspiration permanente, un pilier sur lequel je pouvais toujours m’appuyer. Ils m’ont littéralement sauvé quand je n’avais plus la force de me sauver moi-même.

 

C’est d’ailleurs grâce à eux qu’est née ma curiosité pour la création et mon envie de me tourner vers l’animation. Car en les regardant, je ne voyais pas seulement des histoires, mais aussi tout le travail derrière : les dessins, les mouvements, les émotions transmises par l’image. Et à force d’être spectateur, d’avoir été moi-même sauvé, inspiré et transformé par ces œuvres, j’ai ressenti le désir profond de devenir, moi aussi, créateur. Je veux à mon tour créer des histoires qui pourront accompagner quelqu’un dans ses moments difficiles, qui pourront donner de l’espoir à ceux qui en ont besoin, qui pourront être ce fil rouge dans la vie de quelqu’un d’autre, comme les animes et les mangas l’ont été pour moi.

 

PMJ, 21 ans

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