Pour les jeunes, par les jeunes de l’océan Indien
Si Flic en Flac et Baie du Tombeau peuvent tous deux être décrits comme des villages côtiers de Maurice, la vie nocturne pour un jeune y est très différente. Entre présence de touristes et soirées hype d’un côté, et rythme moins animé de l’autre, avec en point commun les difficultés de transport. Deux vies possibles dans une même île.
Cela fait plusieurs années que je partage ma vie entre deux villages super différents : Flic en Flac et Baie du Tombeau. Et je peux vous dire que la vie nocturne n’a rien à voir dans ces deux coins !
Flic en Flac, dans l’ouest de l’île, est connu pour sa vie nocturne de folie. Déjà, les sorties à la plage pour voir le coucher de soleil, c’est top, mais c’est après que ça commence vraiment. Y a des bars et des clubs partout, comme le Kenzi Bar, Mafioso, Shotz, et Saxo. Ces endroits attirent des gens de tous âges, cultures et pays. En plus, les restos comme Makalapo, Ribs & Beef, Sunset Garden et Azaki Sushi te donnent grave envie de manger des bons plats. Y’a des bons plans resto et juste des bars pour chill out. Bref, c’est la fête tout le temps.
En contraste, Baie du Tombeau, à quelques kilomètres de Port-Louis, offre une vie nocturne beaucoup plus calme. C’est carrément un autre monde. Là-bas, les soirées se passent en petits groupes dans des bars locaux ou des tabagies, ou encore dans des fêtes privées. Y a un seul hôtel dans ce village. Depuis quelques temps, quelques événements plus cool y sont organisés, comme récemment la soirée avec le DJ professionnel Kyyba. C’était juste extraordinaire que ça se passe là. À Baie-du-Tombeau, il n’y a pas beaucoup de touristes, juste des locaux et des marins dans cet hôtel. Tandis qu’à Flic en Flac, le quartier est animé par les touristes. Je sors souvent, je traîne dans les clubs et les bars avec eux, je dîne dehors, et je ne vois pas le temps passer.
Pourquoi je compare ces deux endroits ? Parce que je vis dans les deux villages. Mon expérience de la vie nocturne à Baie du Tombeau est plus tranquille, plus saine, avec des fêtes en famille l’après-midi et des grillades locales. Si j’ai faim, il y a toujours le fameux snack Ti chemin avec ses mines bouillis. Mais à part ça, y a pas grand-chose. Faut bouger pour aller au centre commercial Jumbo ou à Port Louis pour voir du monde.
Quand je suis à Baie du Tombeau, je traîne avec les jeunes du coin. On va à la pêche ou on se fait des matches de foot. Y a un grand terrain pas loin de l’église. Beaucoup de jeunes aident le clergé pendant leur temps libre. Ce n’est pas mon cas. Pour me déplacer quand ma maman n’est pas là, c’est compliqué. Je prends les taxis trains qui prennent plusieurs personnes sur un même trajet, ou les taxis marrons, qui opèrent sans permis. Pour les bus, il ne faut pas être pressé, ils n’ont pas d’horaires fixes.
Quand je suis à Flic en Flac, avec d’autres jeunes, nous passons du temps à la plage. Sinon on reste chez nous pour être tranquilles. Mais y a de plus en plus de constructions dans les morcellements, ça fait un bruit insupportable. Les immeubles n’arrêtent pas de pousser de toutes parts. Le village se bétonne encore plus chaque année. C’est différent de Baie du Tombeau où à peu près personne ne veut s’installer. Les gens disent qu’il y a beaucoup d’insécurité. Ce n’est pas faux mais moi j’y suis habitué.
Pour moi, qui n’ai pas encore de permis de conduire et qui voyage par bus, le point commun entre ces deux villages est que pour se déplacer, c’est compliqué. Les taxis sont chers, donc je prends le bus. Faut planifier pour ne pas être en retard. Les bus pour Port Louis passent toutes les 20 à 35 minutes, ceux de Quatre-Bornes pareil, mais pour aller à Rose Hill, y a un bus toutes les deux heures ! Il faut une sacrée patience.
Voilà, c’est ça ma vie partagée entre deux villages. D’un côté, la fête et l’animation à Flic en Flac, de l’autre, l’authenticité à Baie du Tombeau, loin de la foule des touristes et des fêtes hype dans les bars. Moi, je trouve que chacun a son charme, et j’adore pouvoir profiter des deux. Je trouve que c’est une façon d’avoir deux vies dans mon île. Ce n’est pas désagréable.
Savate-Dodo, 17 ans