Notre FUTUR

Le taxi-train, tu connais ?

Alors que Maurice s’est doté d’un métro léger pour relier ses grands centres urbains, les quartiers périphériques de sa capitale doivent encore composer avec des bus poussifs et capricieux : chaleur, attente et cafards au programme Comme beaucoup, Priyansha, jeune habitante de Baie-du-Tombeau, mise sur l’alternative locale — le fameux taxi-train, pratique, illégal… et parfois digne d’un sport extrême..

 

Depuis longtemps, j’ai définitivement abandonné l’option de prendre le bus pour mes trajets quotidiens. Tu veux savoir pourquoi ? Le bus de Baie-du-Tombeau, c’est l’enfer. Si tu as le malheur d’y entrer à la gare du Nord quand il est vide, tu es sûr d’attendre au moins 45 minutes avant qu’il ne démarre. Dedans, en général, ça sent la sueur.  Il roule au pas et, de toute façon, il arrête d’opérer à 17h30 de la Gare du nord. Le dimanche, c’est un oiseau rare.

 

C’est pour toutes ces raisons que je me suis tournée vers le fameux taxi-train, un mode de transport incontournable dans les régions avoisinantes de Port-Louis (Ste-Croix, Baie-du-Tombeau, Roche-Bois). Le taxi-train, malgré son apparence douteuse, s’avère parfois plus utile.

 

Comment les repérer? Les taxi-trains sont souvent de très vieilles voitures qui klaxonnent constamment. C’est comme cela qu’ils se signalent auprès des piétons et des gens qui attendent aux arrêts de bus pour se rendre à Port-Louis. Il n’y a pas à chercher loin, car ils circulent toute la journée dans Baie-du-Tombeau, Roche-Bois ou Ste-Croix à la recherche de clients.

 

 

Étant étudiante, je suis obligée, toute la semaine, de prendre le taxi tous les matins, car on ne peut pas se fier aux bus dans ma localité. Pour les taxi-trains, c’est facile. Je marche à peine cinq minutes avant d’en apercevoir un, ou, des fois, dès que je sors de ma ruelle, j’entends le klaxon familier d’un taxi-marron. Chaque matin, une fois dans le taxi, je dis bonjour à tout le monde et je suis sûre d’y trouver un joyeux bazar : certains conducteurs mettent le volume de leurs postes radio à fond. Se déversent alors dans mes oreilles soit le bla-bla des animateurs, soit de la musique, voire même des cantiques. Les passagers ne sont pas en reste. Les uns scrollent les vidéos sur TikTok avec le plein volume, pour d’autres les bips des notifications et des SMS ne s’arrêtent jamais, d’autres passagers se parlent entre eux. Moi, j’ai pris l’habitude de regarder défiler le même paysage tous les jours en m’isolant avec un casque sur les oreilles.

 

Pour payer le conducteur, il faut attendre le moment propice. Ça ne peut pas se faire n’importe quand. Il faut attendre qu’il soit pris dans un embouteillage ou qu’il roule lentement pour le faire. Le trajet coûte Rs30. Ce n’est pas donné, mais c’est le prix pour éviter le bus.

 

Pour le retour après les heures de cours, c’est là que parfois ça peut être compliqué, surtout si j’arrive à Port-Louis aux alentours de 17h. Le spot des taxi-trains, qui est habituellement près du célèbre marchand de dholl puris “Chapeau la Paille”, est décalé plus loin. Il faut parfois marcher jusqu’à l’ancienne station de police de Trou-Fanfaron.

Après 17h, les taxis-trains se font plus rares. À l’inverse du matin, c’est moi qui dois les chercher. Les passagers se précipitent, se poussent entre eux pour avoir une place dans le taxi. Si c’est plus tard encore, je fais gaffe. Sachant que certains taxi-trains ont parfois une mauvaise réputation, je vérifie le visage du conducteur. Je sais que cela peut sembler pas terrible comme comportement, mais mieux vaut être sûre que de risquer de monter avec n’importe qui. Très pratique certes, mais ce mode de transport peut parfois présenter de réels dangers.

 

Il arrive régulièrement que certains conducteurs soient sous l’influence de l’alcool ou carrément de drogues. Les véhicules eux-mêmes sont en mauvais état (sièges très sales, vitres des fenêtres qui ne se ferment plus ou, au contraire, qui ne s’ouvrent plus, panne et autres défaillances).Je dois aussi dire que si le tarif habituel tout au long de la journée est de Rs30, à partir de 18h, il passe à Rs35 et peut aller jusqu’à Rs50, si vous habitez dans des quartiers éloignés.

 

De plus, en voyageant en taxi-train, le conducteur a toujours un risque de prendre une amende par la police. Parfois, le conducteur n’a pas ses papiers à jour ou est verbalisé pour transporter des personnes illégalement, c’est-à-dire sans avoir le permis de taxi.

Et malgré tous ces inconvénients, je préfère encore le taxi-train, parce que c’est un moyen de transport rapide : je peux arriver à Port-Louis en 15 minutes maximum, si la route est libre. De plus, il vous dépose souvent près de chez vous ou même devant votre porte.

Entre la peste et le choléra, j’ai choisi…

 

Priyansha, 22 ans

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *