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Le diabète, pas évident à apprivoiser

Maurice trône dans le top 5 mondial des pays les plus touchés par le diabète. Diagnostiqué à 2 ans, Téo, 16 ans aujourd’hui, a grandi entre piqûres, glycémie à surveiller et urgences à l’hôpital. Mais loin de se laisser enfermer dans une routine médicale, il veut croquer la vie, quitte parfois à flirter avec l’imprudence.

 

Tous les jours, quand je prépare mon sac pour me rendre au collège, je fais attention à ne pas oublier ma trousse médicale qui contient mon appareil de mesure de glycémie et ma piqûre d’insuline. C’est comme cela depuis de longues années. Il y a sept ans j’ai commencé à me piquer par moi-même. C’est un geste qui fait peur aux autres ou qui peut choquer. Mais heureusement qu’au collège mes amis savent que je suis diabétique et ils sont discrets. Cette maladie peut être vécue comme un fardeau mais moi franchement je ne me casse pas trop la tête. Aujourd’hui, à 16 ans, j’oublie parfois de faire ma piqûre ou de tester mon taux de glycémie. 

 

Je suis diabétique depuis l’âge de 2 ans. Mes parents ont été alertés par certains symptômes. Par exemple j’avais toujours soif et j’allais souvent aux toilettes. Mon grand-père paternel et mes arrières grands-parents étaient eux aussi diabétiques. Ma sœur aînée m’a raconté que mes parents ont paniqué quand ils ont su les résultats pour moi. Ils ne savaient pas comment gérer cette situation. Toute la famille a changé d’alimentation pour le coup. On consommait moins de sucre. En plus, il fallait m’emmener à l’hôpital plusieurs fois par semaine, ce qui a bouleversé l’organisation de la famille. Ma sœur Eliya, qui avait à peine trois ans et demi, a même dû aller vivre un certain temps chez notre grand-mère. 

 

À l’hôpital, me faisait plein de tests et j’y recevais mes médicaments. Il m’est arrivé de faire un coma de trois jours à cette période-là. Plus tard, quand j’ai commencé l’école primaire, une infirmière se déplaçait tous les jours pour prendre ma glycémie et me faire une piqûre. C’est quand j’ai eu 8 ans que j’ai pu faire tout ça par moi-même. Mes parents m’ont inscrit à Ti Diams, une association qui aide les jeunes diabétiques de type 1 à comprendre comment mieux contrôler leur glycémie, qui leur montre qu’ils ne sont pas seuls et que malgré la maladie on peut vivre normalement. Les médecins de l’hôpital comme ceux de l’association m’ont appris à utiliser mon matériel correctement. Par exemple il est important, quand je m’injecte de l’insuline, de changer de place sur mon corps pour éviter une lipodystrophie – terme un peu compliqué mais que j’ai appris à connaître grâce à l’association que je fréquente. Chez Ti Diams, j’ai compris que je n’étais pas seul dans ce cas et que malgré la maladie, je peux vivre quasi normalement. Sans me priver de ce que j’aime manger et boire. C’est ce que je fais. 

 

À vrai dire, je ne pense même pas au fait que je sois diabétique. Je n’en parle pas autour de moi. Mes amis, les proches savent et personne ne me fait de remarques à ce sujet ou ne me pose trop de questions. Ça me convient car je n’ai pas envie de passer mon temps à parler de mon état de santé.  Par contre, quand mon grand-père m’appelle de Suisse, où il habite, il me parle toujours de contrôler mon diabète, de faire un régime strict par exemple ne pas manger de pâtisseries, ni de glaces, ni de boissons sucrées, en gros tout ce que j’aime bien. Je comprends qu’il se soucie de ma santé parce qu’il tient à moi. Et qu’il est lui-même diabétique. Mais moi, j’ai envie de vivre ma vie sans restrictions ! 

 

Malgré ma maladie, j’ai une alimentation normale, sans régime particulier. Je me suis toujours dit que même si j’ai le diabète, je peux tout faire. Mais j’avoue que cela arrive que les choses ne se passent pas comme prévu si je n’ai pas été très vigilant : récemment  j’ai eu un malaise dans le bus en rentrant du collège. Ce jour-là j’avais oublié ma piqure d’insuline à la maison. En plus ce jour-là j’avais des évaluations. Je crois que le stress n’a pas aidé. Mais je relativise. Y’a pas de drame. Enfin, j’évite quand même de le dire à mes parents. 

 

En 2024, j’ai été choisi pour devenir un Youth Leader à Ti Diams. C’est un membre qui aide les nouveaux inscrits à s’intégrer. Je suis très impatient de partir pour notre camp d’été annuel car ce sera mon premier camp en tant que Youth leader. Je me sens important !

 

Finalement, je peux dire qu’à travers le diabète j’ai rencontré des personnes formidables, des gens que je n’aurais pas croisés autrement. J’ai passé de très  bons moments quand on part en camping ensemble. Puis, j’ai appris aussi à me débrouiller face à cette maladie. Le diabète pèse parfois sur mon quotidien mais il m’a forcé à être conscient que mes actes comptent. Ils ont tous une conséquence directe sur ma santé : faire du sport, manger sans trop d’excès, me reposer, ne jamais sortir sans ma piqûre d’insuline, éviter de me blesser à cause des plaies qui cicatrisent mal, faire attention aux autres à Ti Diams. La liste est longue. 

 

J’espère que cette maladie va me laisser tranquille. Mais à 16 ans c’est bon de vivre comme tous les autres ados ! On verra plus tard.

 

Téo, 16 ans

 

1 Commentaire

  • Elodie Permalloo

    Wow Téo, tu m’as ému avec ton histoire.
    C’était bien écrit. Merci pout ton courage de partager cette partie de toi si intime, en tant que jeune, et je suis certaine que tu es déjà un bon leader.

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