Notre FUTUR

L’art m’a ouvert le monde

À 26 ans, Gaël a quitté Maurice pour étudier les beaux-arts en France. A Maurice, les perspectives étaient limitées. Ce départ, loin de sa famille et de ses repères, lui a ouvert des horizons insoupçonnés : de nouvelles techniques, une identité artistique plus affirmée et un regard élargi sur le monde. Cinq ans plus tard, malgré les sacrifices, il ne regrette pas son choix.

 

ll y a tout juste cinq ans, j’ai pris la plus grande décision qui aller changer ma vie. Quitter l’île Maurice pour venir étudier les beaux-arts en France. Je ne me rendais pas compte de l’ampleur de cette décision ; ce choix n’a pas été facile, mais il s’est imposé comme une évidence. A l’île Maurice, les opportunités de formation en art sont limitées, et je ressentais le besoin de m’immerger dans un environnement où l’art est partout, où il est reconnu, enseigné et se vit au quotidien. En arrivant en France, j’ai découvert un univers totalement différent. J’avais comme ambition de devenir créateur de bande dessinée mais la vie en a décidé autrement. Ce qui est sûr c’est que ma vision de l’art a traversé des frontières qui n’existaient même pas. J’ai découvert une société et une culture différente. L’accès aux musées, aux galeries, aux incroyables expositions, et aux rencontres artistiques a été une véritable révélation. Ici, l’art est une conversation constante, une remise en question, un dialogue entre le passé et le présent. J’ai dû apprendre à défendre ma vision, à sortir de ma zone de confort et à développer une identité artistique plus affirmée. J’ai eu une impression d’avoir ouvert d’autres sens intérieurs. En ayant passé du temps dans cet univers, ma façon de voir l’art à changer. Cela m’a offert une ouverture sur le monde et sur moi-même. J’apprends chaque jour à me réinventer, à m’adapter, à puiser dans mes origines pour enrichir mon travail. Mon rapport à l’art a profondément évolué. J’ai découvert, expérimenté et exploré des médiums que je ne connaissais que de loin. Chaque technique m’a apporté une nouvelle façon de m’exprimer, un nouveau langage pour raconter mon histoire et questionner le monde qui m’entoure. La peinture été mon premier amour. C’est à travers elle que j’ai commencé à exprimer mes émotions, mes souvenirs de Maurice, les paysages et les couleurs qui m’habitent. Mais en explorant d’avantage, j’ai compris que la peinture ne se limitait pas à représenter mais peut se déconstruire, suggérer, provoquer. L’histoire de l’art m’a appris les mouvements artistiques, comprendre comment les artistes avant moi ont réagi à leur époque, a enrichi ma vision et nourri ma réflexion. J’ai appris à situer mon travail dans un contexte plus large. La céramique m’a permis de me reconnecté à la matière brute, à la terre. Travailler l’argile qu’on peut récupérer soit même, la faïence, sentir sa texture, la modeler, et la cuire dans un four c’est particulier. Il y a quelque chose de très organique et méditatif dans ce processus. J’ai exploré la céramique en lien avec mes racines, en m’inspirant des formes traditionnelles tout en y apportant une approche plus expérimentale. Il y’a aussi la gravure, la sérigraphie, vidéo performer, photographie, ou encore scénographie… Tout ça pour dire que toutes ces expérimentations m’ont aidé à affiner mon langage artistique. Aujourd’hui, je ne me définis plus par un seul médium. Je navigue entre eux, selon ce que je ressens, selon ce que je veux exprimer. Être aux beaux-arts m’a appris que l’art ne se limite pas à une technique, mais qu’il est avant tout un terrain d’exploration illimitée.

 

Être étudiant étranger, c’est aussi un défi difficile. Il y a eu des moments où j’étais seul, j’ai manqué plusieurs événements importants comme des anniversaires, des mariages, des naissances, des personnes qui ne sont plus de ce monde. Passer Noël et le réveillon du Nouvel An sans sa famille, ça pique. J’ai eu à faire face à des barrières culturelles et administratives. Il y a eu beaucoup d’instants de doute. Mais cette distance m’a aussi permis de mieux comprendre d’où je viens et ce que je veux exprimer à travers mon art. Aujourd’hui, mon travail est imprégné de cette double appartenance, un mélange entre mes racines mauriciennes et les influences européennes que j’ai assimilées au fil de ces cinq années.  

 

Mon école qui se trouve en Bretagne offre un cadre stimulant, avec des ateliers, des résidences artistiques et des opportunités d’exposition qui peuvent ouvrir des portes pour ma carrière. De plus j’ai rencontré d’autres étudiants, des artistes, des professeurs qui m’inspirent et me soutiennent. Avec le temps, un cercle s’est formé autour de moi, et même si ce n’est pas la même chose que la famille restée à Maurice, cela m’aide à me sentir moins seul. Ces relations humaines sont une des plus belles choses que j’ai gagnées en venant ici. Avec le recul, je ne regrette rien. Ces années en France sont une transformation autant personnelle qu’artistique. J’encourage tous ceux qui hésitent à tenter l’aventure, de partir, de s’ouvrir au monde, à soi-même et à des nouvelles possibilités. La route sera peut-être longue, mais elle en vaut la peine. 

 

Gaël, 26 ans

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