Notre FUTUR

Comment mes camarades malgaches ont ouvert mon univers

De retour à l’université après cinq ans d’absence, Urvee est surprise de constater que la plupart des étudiants de sa classe sont originaires de Madagascar. Avec eux, elle va aller de découverte en découverte. Loin des stéréotypes et des idées reçues, elle apprendra à s’ouvrir à une autre expérience de l’altérité.

 

Il y a cinq ans, j’ai quitté l’université. Ce fut une décision difficile, mais je sentais que c’était la bonne. La vie a repris son cours. J’ai travaillé, appris et grandi. Pourtant, il me manquait quelque chose. Alors, je suis retournée, espérant prendre un nouveau départ.

 

Le premier jour, j’ai rencontré deux étudiantes mauriciennes. L’une est partie peu après, l’autre est restée. Elle était calme et gentille. Plus tard, j’ai découvert une autre fille de notre classe qui travaillait et étudiait en même temps. Elle venait quand elle le pouvait. J’admirais sa force.

 

La salle de classe semblait vide. Je me suis demandé si c’était toute la classe. Puis on m’a dit que la plupart des élèves n’étaient pas encore arrivés à l’île Maurice. Cela a tout changé.

 

Le lendemain, j’ai rencontré mes camarades de classe malgaches. Ils étaient timides, tout comme moi. Nous étions différents à bien des égards, mais aussi très semblables. Nous cherchions tous notre place.

 

Alors que je parlais principalement le créole et l’anglais, ce jour-là, j’ai parlé français du matin au soir. Et depuis, je parle français tous les jours. Je suis venue pour étudier, mais la vie m’a réservé un cours de langue surprise. J’ai eu du mal au début, mais mes camarades ont été patients. Ils m’ont aidée et nous avons ri ensemble quand je me suis trompée.

 

Plus tard, j’ai découvert que certains d’entre eux habitaient près de chez moi. Ils marchaient depuis l’arrêt de bus, même si cela me semblait loin. Quand je leur ai posé la question, ils m’ont dit que ce n’était pas si loin. J’ai ri doucement. Leur perception de la distance était très différente de la mienne.

 

Quelques jours plus tard, j’ai invité quelques uns de mes camarades malgaches dans un petit restaurant sur le chemin du retour. C’était un endroit devant lequel ils passaient tous les jours en descendant du bus. En nous asseyant et en regardant le menu, j’ai remarqué qu’ils cherchaient discrètement les plats les moins chers. J’ai souri intérieurement. Ils étaient si retenus et un peu nerveux, même si c’était moi qui leur offrait le repas. Ce moment m’a fait réaliser leur gentillesse et a ajouté une dimension supplémentaire à ce nouveau monde.

 

Je découvrais peu à peu avec eux. Leur ouverture d’esprit tranquille a commencé à tempérer certaines idées reçues dans lesquelles j’avais grandi, notamment les problèmes de confiance profondément ancrés qui m’avaient appris à ne pas faire confiance aux inconnus ni à partager ma vie privée avec eux.

 

Les jours passaient et nous appréciions nos cours ensemble, passant de la première à la deuxième année d’université. Certains de mes camarades malgaches ont commencé à travailler tout en étudiant, car ils devaient vivre à l’île Maurice et subvenir à leurs besoins. Les voir tout gérer avec une force tranquille m’a fait considérer la vie différemment. S’ils y parvenaient, alors je me suis dit que je le pouvais aussi. C’est à ce moment-là que j’ai compris que la vie n’est pas seulement une question de confort, mais aussi de courage. Parfois, voir les choses sous un autre angle fait ressortir le meilleur de nous-mêmes.

 

Aujourd’hui, en dernière année d’université, je tiens à remercier tous mes camarades malgaches qui, sans le savoir, ont apporté bonheur et joie dans ma vie. Leur présence, leur force et leur gentillesse ont rendu ce voyage inoubliable. Je suis sincèrement reconnaissante de la chance qui m’a été donnée de revenir, de grandir et de découvrir un nouveau monde à travers eux.

 

Urvee, 24 ans

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