Notre FUTUR

Cheveux afro : and so what ?

À Maurice, pendant longtemps, les cheveux crépus ont été stigmatisés, jugés dégradants ou disqualifiants. Aujourd’hui, une nouvelle génération de jeunes ose s’affirmer autrement : elle revendique leurs boucles naturelles et réinvente la fierté afro. Paola, 20 ans, étudiante et coiffeuse à temps partiel, fait partie de cette jeunesse qui assume pleinement son identité.

 

« Nation so seve pas pousser sa »…comprenez «  Les cheveux crépus ne poussent pas ». Depuis toute petite, j’ai entendu cette remarque dégradante à propos de mes cheveux bouclés et crépus. Ces mots m’ont longtemps fait douter et complexer : je n’osais pas les laisser libres, par peur des regards et du jugement des autres. On me répétait que mon afro-style n’était pas « présentable », que mes boucles n’étaient pas « normales ».

 

Pendant des années, je ne faisais que des brushings ou des lissages, presque chaque mois. J’ai même envisagé une kératine, histoire d’avoir  des cheveux lisse toute ma vie. Ce que je ne voyais pas à l’époque, c’était que c’étaient mes cheveux, que je les abîmais moi-même, et personne ne s’en souciait. Les autres étaient là, soit pour des commentaires blessants, soit des victimes comme moi qui vivaient aussi dans cette honte d’avoir des cheveux bouclés ou crépus.  J’ai fini par me demander à quoi ça sert de continuer à me cacher derrière un lissage?

 

Il y a environ trois ans, j’ai commencé à assumer mes cheveux bouclés avec du volume. Peu à peu, j’ai réalisé que c’était un privilège de pouvoir les coiffer comme je le voulais : les laisser libres, les tresser, et occasionnellement faire une coiffure lisse, si j’en avais envie. J’ai aussi été inspirée par la chanteuse mauricienne Laura Beg, qui affirme fièrement sa magnifique chevelure bouclée dans tous ses clips.

 

Aujourd’hui, je constate que la société mauricienne évolue. La mode, les réseaux sociaux aident la jeune génération à se débarrasser de vieux complexes. Beaucoup de jeunes femmes s’acceptent telles qu’elles sont et exposent fièrement leurs cheveux afro naturels. À travers ma passion pour la coiffure, j’ai commencé à partager cette fierté : montrer qu’on peut assumer ses cheveux et ne pas se cacher derrière certaines normes.

 

Avant, je me contentais de proposer des brushings et lissages à mes clients qui sont principalement les membres de ma famille et mes amis. Maintenant, je me lance aussi dans les braids et les twists bouclés, qui demandent patience et savoir-faire. Ce qui me touche le plus, c’est de voir les personnes repartir de chez moi avec le sourire, plus confiantes, certaines prenant déjà rendez-vous pour la prochaine fois.

 

Je remarque également que le marché mauricien évolue : des boutiques spécialisées dans les « curly hair products » apparaissent et valorisent les boucles naturelles.

 

En tant que jeune fille de la société mauricienne, je veux dire aux autres : quelle que soit la longueur ou la texture de vos cheveux, bouclés, crépus ou lisses, il y a toujours de la valeur en vous et dans ce que vous êtes. Aujourd’hui, j’observe avec fierté que la jeune génération mauricienne assume de plus en plus ses origines afro et célèbre sa beauté naturelle.

 

Paola, 20 ans

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