Notre FUTUR

Mo pa enn pitin / J’suis pas une putain !

Si le tourisme occupe une part très importante dans l’économie mauricienne, y travailler est aujourd’hui considéré comme dégradant. C’est en tout cas le constat de Yana, bien décidée, malgré les a priori parfois violents de son entourage, à vivre pleinement son désir de contact et d’ailleurs.

 

À Maurice, le tourisme fait vivre des milliers et des milliers de personnes. Mais dans la société mauricienne, c’est considéré comme un métier dégradant. Pourtant c’est celui que je veux faire. Je dois donc lutter contre les a priori qui sont ancrés dans la tradition. Et ils sont violents.

 

Je viens d’une famille traditionnelle hindoue où on a toujours pensé que c’est la famille qu’on doit rendre fière en premier. Cette fierté se caractérise par le rêve de tout parent de voir son enfant épouser le métier de docteur, avocat ou comptable. Mais aucun de ces métiers ne rentre dans mon rêve.

 

J’ai grandi dans un environnement où je me suis toujours sentie contrôlée. Je viens de Cassis, un quartier dangereux de la capitale où la drogue fait des ravages, où les jeunes ne foutent rien de leur vie et où il est facile d’être influencé par les mauvaises personnes. Je comprends donc que les intentions de mes parents sont pour mon bien.

 

Beaucoup de mes proches sont des hauts gradés, des avocats, des managers de banque ou des comptables et leur vision pour mon avenir, c’était de suivre leurs pas. À un certain point de ma vie, j’étais perdue et je ne savais pas quoi faire. Je voulais même quitter l’école pour devenir artiste mais pour eux « ce n’est pas un métier ». Je me suis forcée à terminer mes études secondaires. Puis je me suis orientée vers l’hôtellerie.

 

Je voulais devenir cheffe, mais après la pandémie, j’ai observé que beaucoup de cuisiniers ont perdu leur emploi et je me suis tournée vers le management hôtelier. C’est à ce moment-là que mes proches m’ont fait part de leur mécontentement par rapport à mon choix de carrière. J’étais déjà fixée sur ce que je voulais faire et peu importe ce qu’ils disaient, j’étais décidée à ne pas flancher. Je ferai ce que je veux, je serai rebelle !

 

Mais ça a été un long combat. Mes proches ressentaient mon orientation professionnelle comme un manque de respect à leur égard. Mais je ne suis plus une enfant… Même si à Maurice on reste vivre chez ses parents tant qu’on n’est pas mariée, je voulais mon indépendance, faire mes choix.

 

Yana, 23 ans

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